Sans enfant, Léon Salavin et Jeanne Fournier ont choisi de faire la donation de leur prestigieuse collection de peintures pour créer une fondation qui, depuis 1975, aide des jeunes à accomplir leur rêve et à trouver leur place dans la société.
Nourrir l’autre est une forme de don… Léon Salavin a-t-il eu conscience de cette dimension symbolique lorsqu’il a hérité à 33 ans de la chocolaterie familiale, et plus encore lorsqu’il a rencontré sa future épouse, Jeanne Fournier, elle-même héritière du célèbre traiteur parisien Rebatet.
Le goût des autres nourrira, en tous cas, leur destin commun. Le couple veille sur ses entreprises mais se passionne également pour l’art et commence une collection qui s’enrichira rapidement d’une centaine d’œuvres, parmi lesquelles un Rubens ou un Fra Angelico. Seule ombre au tableau de cette vie intense, Léon et Jeanne ne peuvent avoir d’enfant.
Grands humanistes, ils décident d’aider des jeunes à accomplir leur rêve et à trouver leur place dans la société. La Fondation de France est rapidement choisie pour donner corps à ce projet. Sous son égide, la Fondation des Prêts d’honneur aux jeunes est créée en 1973 grâce à la donation de la collection de tableaux du couple.
Elle attribue une vingtaine de bourses par an. Les époux Salavin-Fournier définissent le profil précis de leurs protégés : des jeunes passionnés et méritants qui ont besoin d’un coup de pouce pour concrétiser leur vocation ; des jeunes qui auront ensuite à cœur de transmettre à d’autres personnes leur expérience dans un esprit d’amitié et de solidarité. Les premiers lauréats sont désignés en 1975 par un jury constitué de personnalités (la présidente pour cette première année était Mme Giscard d’Estaing).
Léon Salavin est décédé en 1976, Jeanne Fournier en 1992 et, selon leurs volontés, la fondation se nomme aujourd’hui Salavin-Fournier. Elle demeure fidèle à ses engagements et a même réussi à fédérer d’autres mécènes enthousiasmés par la noblesse de l’aventure.
Depuis 2001, ces aides sont regroupées sous l’intitulé « Déclics jeunes » de la Fondation de France. Elles récompensent chaque année des jeunes de 18 à 30 ans pour leurs projets faisant preuve d’innovation, de créativité et d’altruisme. Lors de la dernière soirée de remise de prix – qui mêlait anciens et nouveaux lauréats – ont ainsi été salués un atelier de tissage pour revitaliser une région oubliée ou encore la mise au point d’une gamme d’aliments issus de l’agriculture durable et locale pour les enfants les plus démunis du Sénégal. Nourrir l’autre, un bel hommage aux époux Salavin-Fournier…